Le Rapport COMETA
2ème PARTIE
Le point des connaissances
(2/4)

Chapitre 6) Organisation de la recherche en France
Chapitre 7) Méthode et résultats du GEPAN/SEPRA
Chapitre 8) OVNI: hypothèses, essais de modélisation
Chapitre 9) Organisation de la recherche à l'étranger

La thèse du Colonel Corso
2ème PARTIE
Le point des connaissances








Chapitre 6 : Organisation de la recherche en France

Le Centre national d'études spatiales a reçu en 1977 la mission de mettre en place une structure d'étude permanente des phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) : le Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEPAN). Cet établissement disposait en son sein de compétences et de moyens adaptés pour cette mission, en particulier des ingénieurs et cadres de haut niveau technique en relation avec les milieux scientifiques. La garantie que ce sujet complexe et délicat serait traité avec toute la rigueur nécessaire fut apportée par un conseil scientifique, présidé par Hubert Curien, composé de douze membres, représentatifs des sciences humaines et exactes. Ce conseil avait pour tâche d'orienter, organiser et examiner annuellement les travaux du GEPAN.

On peut distinguer trois phases dans l'évolution de l'activité liée à l'étude des OVNI en France qui ont abouti en 1988 à la création du Service d'expertise des phénomènes de rentrée atmosphérique (SEPRA), qui prend la suite du GEPAN, toujours au sein du CNES :
 

- une phase de mise en place de l'organisation et de définition des procédures de collecte et de traitement des données, décrite dans le présent chapitre,

- une phase de définition de la méthode scientifique d'étude des cas,

- une phase de mise en application des méthodes et des procédures définies précédemment, traitées toutes deux dans le chapitre suivant.


Le SEPRA a, pour l'étude des OVNI, une vocation plus restreinte que celle du GEPAN, dont le conseil scientifique a terminé sa mission.
 

6.1 La phase de mise en place de l'organisation

La première tâche du GEPAN a été d'associer différents organismes publics civils et militaires en vue d'organiser la collecte et l'analyse de données qui soient fiables. La Gendarmerie nationale, les aviations civile et militaire, la Météorologie nationale, etc. ont été sollicitées et associées à cette organisation par l'intermédiaire de conventions et de protocoles établis avec le GEPAN. Le premier objectif fixé a été l'acquisition et la fourniture rapide des données recueillies sur les lieux où un phénomène était observé. Pour cela, le GEPAN, selon les directives du conseil scientifique, a reçu pour mission de former des équipes d'enquêteurs spécialisés pour le recueil des données psychologiques et physiques, comme par exemple le prélèvement de traces au sol. Parallèlement à cette organisation, divers laboratoires de recherche, civils et militaires, ont été sollicités pour participer aux expertises et aux analyses des données recueillies lors des enquêtes, comme par exemple le traitement des documents photographiques et des enregistrements radar.

6.2 La participation de la Gendarmerie nationale

C'est en février 1974 que furent données les premières instructions confiant à la Gendarmerie nationale le soin de recueillir et de centraliser les témoignages spontanés sur les OVNI. Antérieurement, ceux-ci étaient recueillis occasionnellement dans les brigades territoriales et donnaient rarement lieu à la rédaction de procès-verbaux ou d'enquêtes approfondies (affaire de Valensole en 1965).

Aucun traitement ou exploitation de ces documents n'était effectué par les autorités administratives ou techniques.

À partir de mai 1977, l'un des six exemplaires du procès-verbal rédigé par les brigades territoriales de la gendarmerie est adressé au GEPAN, dès lors destinataire de toutes les informations recueillies sur les OVNI.

6.2. i Le rôle et l'action de la Gendarmerie nationale

Chaque brigade de gendarmerie possède un manuel, le livret "gendarmique", qui contient toutes les instructions sur la conduite à tenir pour la collecte des données sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés. Selon le degré de complexité du cas rapporté, le niveau d'intervention peut aller du simple procès-verbal d'un témoignage à celui d'une véritable enquête qui peut être menée conjointement avec les services du GEPAN/SEPRA sur les lieux d'observation, et donne souvent lieu à un rapport approfondi.

6.2.2 L'utilisation des données collectées par la Gendarmerie nationale

Une fois l'information collectée localement par la gendarmerie, celle-ci est transmise, sous forme de procès-verbal, au siège de la Gendarmerie nationale à Paris qui en expédie un exemplaire au GEPAN/SEPRA. Celui-ci le traite selon deux niveaux distincts:

- au premier niveau, le procès-verbal est analysé, puis intégré dans une base de données, pour être traité statistiquement en vue de l'établissement de classifications et de typologies des phénomènes,

- au second niveau, relatif aux cas plus complexes de "PAN D" (Phénomènes aérospatiaux non identifiés de catégorie D), l'enquête sur le terrain induit un ensemble de recherches d'éléments et de traitements supplémentaires, qui débouchent sur la rédaction d'un rapport d'enquête circonstancié et détaillé ; le rapport pourra être utilisé pour des études d'interprétation de traces.

6.2.3 Bilan et résultat de la coopération avec la Gendarmerie nationale

Depuis 1974, ce sont plus de 3 000 procès-verbaux de gendarmerie, représentant en moyenne trois témoignages spontanés par document, qui ont été recueillis et transmis au GEPAN/SEPRA. Il faut ajouter à cela une centaine d'enquêtes et d'interventions sur le terrain, engagées conjointement avec les brigades locales. Le tout a permis de caractériser un ensemble de phénomènes rares, naturels ou artificiels à occurrence variable, qui n'aurait pu être identifié sans ce type d'organisation. Grâce à cette collaboration, des cas d'OVNI, comme ceux de Trans-en-Provence et de "l'Amarante" (voir chapitre 4), ont pu être étudies dans d'excellentes conditions, montrant qu'il demeurait un résiduel d'événements dont la nature échappait encore à toute identification. Une plaquette d'information, décrivant les objectifs recherchés par le CNES dans l'étude des OVNI, a été largement diffusée auprès de l'ensemble des brigades territoriales. Une action complémentaire d'information et de formation, en direction des officiers et des sous-officiers, est régulièrement dispensée par le GEPAN/SEPRA dans les écoles de la Gendarmerie nationale pour sensibiliser les commandants de brigade sur ce sujet.

Les résultats de cette collaboration pourraient être plus efficaces. Une mise à jour régulière des procédures de collecte des données serait souhaitable, ainsi que des délais d'intervention plus réduits pour les enquêtes, entre le moment où le cas est connu de la brigade locale et celui où le SEPRA intervient. Cette réduction du temps d'intervention diminuerait sensiblement la perte d'information, en particulier s'agissant des effets sur l'environnement. De même, il serait important que les brigades de gendarmerie fussent informées plus systématiquement des résultats des travaux et des enquêtes traités par le SEPRA. Cependant, les moyens actuellement disponibles en personnel et en dotation budgétaire ne permettent pas de répondre avec l'efficacité souhaitée.
 

6.3 La participation de l'armée de l'Air

Juste après la Seconde Guerre mondiale, les premiers rapports d'observation d'OVNI aéronautiques français ont été recueillis et archivés par le bureau Prospective et études (E BPE) de l'état-major de l'armée de l'Air.

Lors de la création du GEPAN, un protocole d'accord a défini les rôles respectifs des deux organismes pour le traitement des informations relatives aux cas d'observation aéronautique militaire. En principe toute observation d'OVNI doit être signalée au centre de contrôle aérien militaire concerné, lequel transmet les informations au Centre de conduite des opérations aériennes (CCOA) a Taverny; celui-ci est chargé, en liaison avec le bureau Espace de l'état-major de l'armée de l'Air, de les transmettre au GEPAN/SEPRA.

Parallèlement, toutes les informations radar sont enregistrées dans les centres de contrôle-radar et conservées au minimum un mois, et davantage sur demande. Elles sont mises à la disposition des enquêteurs en cas de besoin.

Un protocole passé avec l'armée de Terre définit les conditions de transmission des informations recueillies en vol par les pilotes de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT).
 

6.4 La participation de l'aviation civile

Le même type d'organisation et de procédures est utilisé par l'Aviation civile pour collecter et traiter l'information relative aux observations d'OVNI faites par les pilotes civils. Un protocole, signé entre la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et le CNES, permet au GEPAN/SEPRA d'avoir accès aux comptes rendus d'observation d'OVNI rédigés par les équipages des compagnies aériennes nationales et étrangères. À cet effet, une fiche de compte rendu d'observation, établie conjointement par la DGAC et le GEPAN/SEPRA, est tenue à la disposition des équipages auprès des centres de contrôle aérien de l'Aviation civile et des compagnies aériennes. Par ailleurs, les conversations radio entre l'équipage et le contrôle aérien sont systématiquement enregistrées et jointes au rapport circonstancié d'observation.

Il existe également une réglementation concernant les incidents de vol qui pourraient engager la sécurité. Dans ce cas, le commandant de bord est tenu de suivre la procédure "Airmiss" qui déclenche systématiquement une enquête de la DGAC.
 

6.5 Les moyens complémentaires de recherche

De nombreux organismes civils (publics ou privés) et militaires concourent aux expertises effectuées durant les enquêtes et les travaux du GEPAN/SEPRA. Ces interventions se font à deux niveaux, soit pour la collecte des données sur le terrain et l'exploitation des rapports d'observation, soit pour l'analyse des données après expertise et les recherches théoriques et expérimentales jugées nécessaires.

Des conventions de coopération ont été établies, en particulier avec divers organismes qui peuvent bénéficier en retour des résultats des enquêtes intéressant leur propre domaine d'études, par exemple :
 

- la foudre (EDF, CEA, Météorologie nationale, ONERA, CEAT),
- les météores (CNRS, DGA),
- les perturbations de ligne (EDF, France Télécom),
- la sociologie de groupe et en particulier les sectes (CNRS, universités),
- la photographie, l'étude de films, le traitement d'imagerie spatiale (Fleximage).
Les trois applications suivantes méritent d'être soulignées:

6.5.1 Analyse des prélèvements

Le GEPAN/SEPRA s'appuie sur différents laboratoires civils et militaires, dont ceux de l'Établissement technique central de l'armement (ÉTCA), pour analyser les prélèvements de sol et de végétation recueillis au cours des enquêtes.

6.5.2 Exploitation des photographies

Des travaux sur le traitement d'images ont été conduits entre 1981 et 1988 au sein de l'ETCA. Ils ont permis de définir les techniques et les procédures, reprises dans la note technique N° 18 du GEPAN, pour l'étude des photographies présumées d'OVNI. Des filtres de diffraction ont été mis en place dans les gendarmeries, pour permettre le recueil d'informations sur le spectre lumineux émis.

6.5.3 Le système de surveillance du ciel

Un système, "ORION", a été étudié et déployé par la Défense, dans le but de surveiller, d'identifier et de prévoir le passage des satellites, au-dessus du territoire national en particulier. Il devrait permettre de répondre, du moins partiellement, au besoin de surveillance des phénomènes lumineux de type OVNI. Le système comprend:
 

- les moyens radars actuels de veille et de poursuite et les antennes d'écoute du navire Monge,

- deux systèmes de veille radar et optique et un système d'imagerie optique:
 

- le radar de veille "GRAVES", qui sera capable de détecter des objets de 1 m à 1 500 km de distance,

- le système de veille optique "SPOC", qui utilise des caméras CCD pour détecter et déterminer la trajectoire des satellites défilant ou des débris spatiaux de magnitude 7 à 8 (deux sites sont en cours d'équipement),

- enfin est envisagé le développement du télescope "SOLSTICE" de 4 m de diamètre, qui pourra être doté d'une optique adaptative, pour l'observation des objets sur l'orbite géostationnaire (36 000 km).

CHAPITRE 7 Méthode et résultats du GEPAN/SEPRA

7.1 La méthode développée par le GEPAN

Le GEPAN a développé une méthode originale d'étude des phénomènes rares à occurrence aléatoire. Les météorites font partie de ces phénomènes. Les scientifiques ont longtemps refusé de prendre en compte les observations de pierres tombées du ciel rapportées généralement par des paysans. Fort heureusement, le physicien Jean-Baptiste Biot a effectué en 1 803 une enquête approfondie au village de Laigle, dans l'Orne, environ trois semaines après qu' on y ait rapporté des chutes de pierres d'origine céleste. Biot a examiné de nombreuses pierres et certaines traces (branches brisées, toits perforés, incendies) et interrogé de nombreux témoins indépendants. Il a produit un rapport convaincant qui a donné aux météorites une existence scientifique.

La méthode mise au point par le GEPAN a été approuvée par son conseil scientifique. Elle consiste essentiellement à cerner les phénomènes initialement inconnus en effectuant l'analyse conjointe de quatre types de données concernant:
 

- les témoins : physiologie, psychologie, etc.,

- les témoignages : récits, réactions aux questions, comportement général, etc.,

- l'environnement physique : météorologie, trafic aérien, photographies, données radar, traces sur l'environnement, etc.,

- l'environnement psychosociologique : lectures et croyances des témoins, influence éventuelle des médias et de groupes divers sur ces témoins, etc.


Les rapports de gendarmerie contiennent souvent des données suffisantes pour que l'on puisse identifier le phénomène observé. Dans bien des cas, celui-ci s'avère être un avion, une planète, un satellite, etc. Dans d'autres cas, une enquête complémentaire, plus ou moins importante, est effectuée par le GEPAN/SEPRA. Une étude approfondie peut durer jusqu'à deux ans. L'analyse des traces sur l'environnement peut conduire à faire appel à des laboratoires spécialisés (voir les cas de Trans-en-Provence et de "l'Amarante" au chapitre 4).

Enfin des recherches ont été effectuées en liaison avec les universités pour perfectionner la méthode d'enquête. Le CNES, par souci de rigueur scientifique, a adopté le terme "PAN" au lieu et place du terme d'OVNI, plus connu mais plus restrictif Le GEPAN est le groupe d'étude des PAN.
 

7.2 Première classification des PAN (Phénomènes aérospatiaux non identifiés)

Après étude, chaque cas est classé par le GEPAN/SEPRA dans l'une des quatre catégories suivantes, en fonction de son degré d'identification:
 

- catégorie A. phénomène parfaitement identifié,

- catégorie B : phénomène probablement identifiable, mais qui ne peut être identifié de façon certaine par manque d'éléments,

- catégorie C phénomène non identifiable par manque de données,

- catégorie D phénomène non identifiable malgré l'abondance et la qualité des données.
 

Ces PAN de catégorie D représentent 4 à 5 % des cas et sont appelés PAN D. Ils englobent des observations de phénomènes dont certains près du sol à quelques mètres des témoins. Les cas les plus étranges et les plus mystérieux de cette catégorie sont généralement intitulés RR3 (rencontres rapprochées du troisième type), selon la classification proposée par le professeur A. Hynek, astronome et conseiller de l'USAF, dans le cadre du projet Blue Book (cf chapitre 9. 1).
 

7.3 La typologie des PAN D

L'analyse statistique détaillée des PAN D permet de préciser la distribution de leurs caractéristiques physiques: vitesse, accélération, silence, forme, effets sur l'environnement. Il est intéressant de noter que des études statistiques faites en URSS ont donné des distributions comparables à celles déterminées par Claude Poher, premier responsable du GEPAN, à partir de quelque 200 cas français, ou de 1 000 cas mondiaux. Il serait souhaitable de pouvoir développer en France les études statistiques sur les PAN D.

7.4 Les enquêtes sur des cas remarquables

Une centaine d'enquêtes ont été menées par le GEPAN/SEPRA. Certaines ont mis en valeur des phénomènes physiques atmosphériques rares, liés par exemple à la foudre, d'autres ont révélé des comportements psychologiques inhabituels des témoins, causés, par exemple, par la prise de médicaments hallucinogènes. Quelques enquêtes très approfondies, appuyées sur des analyses de traces, ont, enfin, montré la présence physique d'un phénomène dont la nature et l'origine restent inconnues. Deux cas exposés au chapitre 4 retiennent particulièrement l'attention, celui de "Trans-en-Provence datant du 8 janvier 1981, et celui de "l'Amarante" du 21 octobre 1982 : les enquêtes conduisent à penser que des objets en forme de double soucoupe se sont approchés du sol, pendant quelque temps, puis sont repartis vers le ciel en laissant des traces sur la végétation et, pour Trans-en-Provence, sur le sol même. Elles sont détaillées dans les notes techniques du GEPAN N° 16 et N° 17 (voir la bibliographie du chapitre 6).

7.5 Les cas aéronautiques

7.5. i Les données sur les cas aéronautiques français

- Douze cas aéronautiques français ont été portés à la connaissance du GEPAN/SEPRA; seuls trois ou quatre d'entre eux peuvent êtres considérés comme relevant de la catégorie D.

- Le premier cas de PAN D recensé date de 1951. Il impliquait des avions militaires de type Vampire dans la région d'Orange. Lors de deux autres observations très exceptionnelles, présentées au chapitre 1, les pilotes militaires ont rapporté la présence d'objets aux performances aéronautiques incompatibles avec les évolutions d'aéronefs classiques au-dessus de la région de Tours en 1976 et de Luxeuil en 1977. Ce n'est cependant que le 28 janvier 1994 qu'a pu être recueilli, par l'équipage d'un avion de ligne régulière d'Air France, le premier cas d'observation visuelle corrélée avec une détection radar de 12lus de 50 secondes (voir chapitre 1.3).

7.5.2 Les cas de PAN D aéronautiques dans le monde

Les cas de PAN D aéronautiques connus depuis 1942 ont fait l'objet d'un premier recensement dans un document intitulé Rencontres dans le ciel, réalisé par Dominique Weinstein, auquel le SEPRA a contribué pour la partie française. Le catalogue des observations mondiales comprend la description de 489 cas d'observation de PAN D aéronautiques bien documentés et dont les sources ont été dûment vérifiées. La plupart des informations sur ces PAN D aéronautiques sont puisées aux sources officielles, autorités gouvernementales, armées de l'Air de différents États, ou d'organismes comme le SEPRA.

Ce catalogue présente une classification suivant des critères de qualité d'observation. Cela va des simples observations visuelles, décrivant des performances ou évolutions particulières du phénomène observé (vitesse, accélération, manoeuvrabilité, silence, etc.), aux observations plus élaborées mentionnant des perturbations engendrées par les PAN D aéronautiques sur l'environnement telles que: brouillage radio ou radar, dysfonctionnement des instruments de navigation, voire des effets physiques sur l'équipage (chaleur, aveuglement, etc.).

Entre 1947 et 1969, c'est-à-dire pendant la durée du projet Blue Book de l'armée de l'Air étatsunienne consacré aux OVNI, 363 observations ont été recensées. 1952 est l'année ou le plus grand nombre d'observations furent constatées : 68. Au total, 63 pays sont cités comme ayant été le théâtre d'au moins une observation aéronautique.

7.5.3 Cas "radar/visuel" dans le monde

Les cas "radar/visuel" sont ceux qui lient une observation visuelle et une détection radar de bord

et/ou radar au sol. On observe que :
 

- les premières observations au Japon et en URSS datent de 1948,

- 30 pays sur 68 cités dans le catalogue font état de cas "radar/visuel",

- sur les 489 cas du rapport, 101 sont des cas "radar/visuel" (21)

- sur les 363 cas du rapport Blue Book, 76 sont des cas "radar/visuel" (21)

- en 1952, sur 68 cas, 16 sont des cas "radar/visuel" (23,52)


En conclusion, nous pouvons établir clairement que, depuis 1942 jusqu'en 1995, au moins 500 observations bien documentées et avérées de PAN D aéronautiques, dont près de 20 % sont des cas "radar/visuel", ont été recensées dans le monde. Ils apportent la preuve d'une réalité physique de phénomènes aux évolutions paradoxales.
 

7.6 La réalité physique des PAN D

7.6.1 Un premier constat dès septembre 1947 aux États-Unis

Nous avons vu que les travaux du GEPAN/SEPRA montraient qu'il y avait toute une catégorie de phénomènes physiques rares à occurrence variable qui ne pouvaient être assimilés à des phénomènes naturels ou artificiels connus. Ces phénomènes, PAN D, que nous avons mis en évidence, tant dans le domaine aéronautique (cas aéronautiques civils et militaires), que près du sol (cas de rencontres rapprochées), recoupent d'autres cas d'observation bien documentés et vérifiés par des autorités officielles dans le monde. Il est intéressant de noter que, dès novembre 1947, au tout début de la toute première vague d'observations modernes d'OVNI, aux États-Unis, le général Twining, responsable de l'Air Material Command, a rédigé un rapport sur les "disques volants". dont les conclusions sont très explicites:
 

1. Le phénomène rapporté est quelque chose de réel, il ne s'agit pas de visions ou d'imagination.

2. Il existe des objets ayant la forme d'un disque et dont la dimension est comparable à celle de nos avions.

3. Il est possible que certaines observations correspondent à des phénomènes naturels.

4. Les vitesses ascensionnelles très élevées observées, la manoeuvrabilité et les manoeuvres de fuite, lorsque les disques sont détectés, laissent supposer qu'ils sont pilotés ou télécommandés.

5. La plupart des témoins décrivent des objets à surface métallique, de forme circulaire ou elliptique, avec la partie supérieure en forme de dôme, volant sans bruit en formation de trois à neuf objets...

7.6.2 Les travaux du GEPAN/SEPRA

Nous ne disposons pas de preuves matérielles irréfutables, sous forme de matériaux entiers ou fragmentés confirmant la nature physique des PAN D et leur caractère d'artefact. Néanmoins, le travail de collecte et d'expertise, réalisé au GEPAN/SEPRA depuis plus de 20 ans, confirme les déclarations du général Twining en 1947.

7.6.3 Les cas aéronautiques fronts

Étude des PAN D aéronautiques militaires français (Orange 195 1, Tours 1976, Luxeuil 1977) recoupe les conclusions du général Twining, et notamment la quatrième. Les témoignages des pilotes laissent en effet supposer que les objets sont, "soit pilotés, soit télécommandés ": tous les pilotes ont rapporté que c'est " l'objet qui semblait faire mouvement vers eux, et non l'inverse. De même, tous ont considéré que les capacités d'évolution de l'objet étaient très supérieures à celles qu'ils connaissaient. "

7.6.4 Des cas rapprochés de PAN D en France

Les cas rapprochés de PAN D en France correspondent bien de leur côté aux conclusions 4 et 5 de Twining. À Trans-en-Provence (chapitre 4), les expertises réalisées sur le site recoupent le témoignage local, et montrent que l'objet d'aspect métallique et de forme circulaire a atterri, puis décollé silencieusement dans un espace très réduit, à très faible distance d'un mur de 2,50 m de hauteur. Aucun aéronef moderne n'est capable de ces évolutions silencieuses, ni de cette précision d'atterrissage. Il est difficile de ne pas voir dans l'objet une machine volante pilotée, télécommandée, ou sinon disposant d'une cybernétique très évoluée.

Les autres affaires françaises de rencontres rapprochées décrites au chapitre 4 suggèrent elles aussi fortement l'existence d'une intelligence qui se profilerait derrière les PAN D. Il s'agit de Valensole, de "l'Amarante" et de Cussac. Dès que le ou les témoins sont confrontés au PAN D, tout se déroule généralement assez vite, et l'objet s'échappe sans avoir marqué la moindre agressivité à l'égard des témoins.

7.6.5 Les cas étrangers - Conclusion

L'étude de certains cas étrangers conduit à des conclusions analogues à celles tirées des cas français. On pourra relire, dans cet esprit, la description des cas aéronautiques présentés au chapitre 2. Nous pourrions également relater des cas étrangers de rencontres rapprochées, tel que celui de Socorro (Nouveau-Mexique) analogue à celui de Trans-en-Provence, mais dont l'exposé critique alourdirait inutilement ce rapport.

Il se dégage de cet ensemble de faits une conclusion forte: certains PAN D paraissent bien être des machines volantes totalement inconnues, aux performances exceptionnelles, guidées par une intelligence naturelle ou artificielle.
 

CHAPITRE 8 OVNI: hypothèses, essais de modélisation

8.1 Modélisations partielles
 

Les observations crédibles d'objets aériens peuvent être confortés par des explications techniques vraisemblables des phénomènes rapportés. Parmi les observations les plus frappantes, par comparaison avec l'état actuel de nos connaissances, nous relevons :
 

- les déplacements aériens, accomplis en silence avec de très fortes accélérations et/ou vitesses,

- l'arrêt des moteurs des véhicules terrestres proches,

- la paralysie locomotrice des témoins.


Dans la mesure où les observations les plus documentées, et les plus crédibles, par l'évidente compétence des témoins, proviennent de pilotes d'avions, ce sont leurs observations de mouvements aériens, observations de surcroît souvent appuyées par des traces radar, qui seraient à expliquer en priorité.

8.1.1 Les déplacements

Il existe, sur le plan du concept, divers principes de propulsion ne faisant pas appel aux hélices ou aux réacteurs, et qui pourraient ainsi être silencieux. Le plus avancé fait appel à la magnétohydrodynamique, en abrégé MHD, mais plusieurs autres principes peuvent aussi être considérés. Nous allons les passer en revue.

8.1.1.1 La propulsion MHD

Son principe, non envisageable dans le vide, consiste à faire circuler dans le milieu entourant le mobile un courant électrique. Le mobile, en même temps, va émettre un champ magnétique. Selon la loi de Laplace, ce champ va exercer une force sur le courant, et donc sur le milieu où il circule : c'est le principe de la plupart des moteurs électriques. Le milieu étant ainsi déplacé par rapport au mobile, c'est en fait celui-ci qui, par réaction, subira une force permettant de le propulser. Encore faut-il faire apparaître les champ et courant nécessaires

- pour le champ magnétique on y parvient facilement en installant dans ou sous les parois du mobile des bobinages (comme ceux des moteurs électriques) parcourus par un courant électrique approprié,

- pour le courant électrique, tout dépend du milieu.

Dans l'eau de mer, il est facile de faire circuler un courant au moyen d'électrodes posées sur l'enveloppe du mobile. C'est pourquoi la propulsion MHD a été expérimentée, pour l'instant avec succès, aux États-Unis et au Japon, sur des maquettes de navires, aussi bien de surface que sous-marins.

Dans l'air, naturellement isolant, il est plus difficile de faire passer un courant électrique, mais on sait rendre l'air conducteur au moyen, par exemple, de champs électriques puissants engendrés, là encore, par des électrodes appropriées (l'air, rendu conducteur, peut devenir plus ou moins lumineux, ce que l'on a fréquemment observé autour des objets inconnus). Quant au champ magnétique, il peut être créé comme pour les bateaux. Cependant, dans l'air, la propulsion est beaucoup plus difficile à obtenir, puisqu'elle doit non seulement propulser le mobile, mais d'abord compenser son poids. Les champs électriques et magnétiques requis sont donc beaucoup plus intenses que pour un navire et, en pratique, il n'est guère envisageable d'obtenir les champs très intenses indispensables sans avoir recours à des bobinages supraconducteurs. Encore théorique jusqu'à il y a quelques années, leur mise en oeuvre dans un véhicule aérien est depuis 1991, une perspective crédible, avec la découverte de supraconducteurs capables de fonctionner à des températures proches de la température ambiante.

La propulsion dans l'atmosphère, sans hélices ou réacteurs, est donc en principe tout à fait possible par MHD, et le calcul montre que la puissance nécessaire n'est, dans certains cas, pas incompatible avec nos moteurs aéronautiques actuels. Le fait que les objets observés de près n'aient pas laissé apparaître (ou entendre) de système de refroidissement peut s'expliquer tant que la durée des vols des engins ne dépasse pas quelques dizaines de minutes. Par ailleurs, d'autres moteurs que nous utilisons déjà - électriques, à partir d'énergie stockée à bord, ou à inertie, s'ils ne sont pas encore assez puissants - n'auraient pas besoin de refroidissement immédiat, ce qui prouve bien que ce problème n'est pas insurmontable.

De nombreux témoins ont été frappés par le silence accompagnant les évolutions des objets, qui, même à des vitesses supersoniques, ne créent pas de "bang" (cf. partie, chapitres 1, 2 et 3). La propulsion MHD pourrait rendre compte de ce silence: des premières expériences d'atténuation du bruit, par suppression du sillage et de l'onde de choc, encore que dans des conditions très particulières, sont encourageantes.

Les travaux sur les différents aspects de la propulsion MHD des aéronefs sont nombreux à l'étranger : aux États-Unis au Rensselaer Polytechnic Institute à Troy (NY), et selon la revue New Scientist (février 1996), en Grande-Bretagne et en Russie.

En résumé, l'état actuel de nos connaissances rend à court terme concevable une maquette d'aéronef MHD, tandis qu'à échéance de quelques dizaines d'années la réalisation d'un véhicule, ayant les mêmes possibilités de mouvement que les véhicules aériens décrits par les témoins, nous apparaît très probable. Seul, pour l'instant, la quasi-absence d'écoulement d'air perceptible et de bruit en vol stationnaire près du sol pose des problèmes.

8.1.1.2 D'autres méthodes de propulsion

Dans le vide, l'absence ou la raréfaction des molécules ou des atomes empêche, aussi bien la circulation de courant dans le milieu, que la projection d'une masse suffisante de substance tirée de ce milieu. La propulsion par MHD n'y est donc pas possible et il faut formuler d'autres hypothèses. Des propulsions par réaction à partir de réactions chimiques, comparables à nos moteurs fusées - même si leurs performances sont plus avancées - ne sont pas à exclure à priori. En effet, la phase spatiale du déplacement des objets inconnus se déroule très loin de toute observation. De plus, les revêtements destinés à la furtivité les rendraient invisibles aux télescopes et aux radars au-delà de quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres. Dès lors, ces objets pourraient très bien, à ces distances, utiliser des propulsions classiques sans être détectés. Se poseraient alors surtout les problèmes de consommation d'énergie et de masse à éjecter, mais la méthode rappelée ci-après en 8.1.1.3 permettrait de les résoudre en partie.

Plus avancées technologiquement sont les propulsions faisant appel à l'éjection à très grandes vitesses - une fraction appréciable de la vitesse de la lumière - de faisceaux de particules. Du fait de la très grande vitesse d'éjection, la masse éjectée est faible et l'éjection peut être poursuivie très longtemps. De tels faisceaux de particules, embarquables sur satellites, ont été développés pour la guerre spatiale dans l'ex-URSS (au laboratoire de von Ardenne à Soukhoumi, en Géorgie) et aux États-Unis, en particulier au laboratoire national d'Argonne.

Actuellement ces faisceaux sont, certes, bien moins puissants que ce qui serait nécessaire ici, mais ils ont déjà un intérêt comme moteurs à faible poussée, une fois hors de la proximité des planètes. Un moteur de ce type équipe la sonde étatsunienne "Deep Space 1", qui devrait frôler l'astéroïde 1992 KD le 29 juillet 1999.

D'autres méthodes de propulsion spatiale sont étudiées très activement la propulsion nucléaire par fission (projets "NERVA", "ORION", "DAEDALUS") et, plus récemment, fusion, qui offriraient des gains respectifs d'un et plus de deux ordres de grandeur par rapport aux meilleurs moteurs actuels. Au-delà, l'utilisation d'énergie stockée sous forme d'antimatière - qui devient crédible depuis qu'au CERN a été créé un atome d'antihydrogène et démontré le moyen de le stocker offrira des gains encore cent fois plus importants. C'est pourquoi un nombre croissant de centres de recherche mène des travaux sur ce thème: le Jet Propulsion Laboratory, le Lawrence Livermore Laboratory, l'Air Force Astronautical Laboratory (Edwards Air Force Base), où est également étudiée, selon lejane's Defence Weekly du 10 juin 1996, l'antigravitation. Ce dernier thème serait également suivi en Grande-Bretagne et dans le CEI.

8.1.1.3 L'utilisation des impulsions planétaires ou stellaires

Plus proche de nos techniques actuelles, même s'il ne s'agit pas à proprement parler de propulsion, le Jet Propulsion Laboratory avait imaginé en 1961 qu'un engin spatial, en rebondissant sur les puits de potentiels de planètes convenablement choisies, pourrait acquérir des vitesses de plus en plus grandes sans dépense d'énergie. Cette méthode est maintenant systématiquement utilisée pour les missions vers les planètes lointaines de notre Système. On peut alors concevoir, comme l'a proposé Dyson en 1963, qu'en utilisant des "réflexions", non plus seulement sur des planètes, mais aussi sur des étoiles, on puisse acquérir des vitesses considérables (seulement limitées par les vitesses de libération) et parcourir des distances interstellaires avec relativement peu d'énergie, certes au prix du temps nécessaire aux rebondissements de départ et d'arrivée.

Cette méthode conduirait à des durées de voyages intersidéraux se chiffrant probablement en millénaires, donc d'un ordre de grandeur supérieur aux durées escomptées pour la propulsion envisagée par antimatière.

8.1.1.4 Conclusion sur les déplacements

En résumé, pour les déplacements, aussi bien dans l'atmosphère que dans l'espace, nous pouvons formuler des hypothèses raisonnables sur le vol sans moyens apparents de sustentation dans le premier cas et sur le franchissement de très grandes distances, jusqu'à l'échelle interstellaire, dans le second.

8.1.2 L'arrêt de moteurs de véhicules terrestres

Pour expliquer ce phénomène, souvent rapporté à l'étranger, il faut évoquer une action à distance. Aucun faisceau de lumière ne semblant associé à ces paralysies de moteurs, on peut songer à des rayonnements radioélectriques, tels que les micro-ondes, dont nous savons qu'elles peuvent provoquer des effets de ce genre et qui peuvent être facilement formées en faisceaux pour agir à distance. Dans ces conditions, l'émission de micro-ondes par les engins inconnus serait de nature à créer autour du véhicule un champ électrique assez élevé pour que les tensions d'allumage, en s'y additionnant, provoquent l'ionisation de l'air autour du circuit haute tension du moteur (bobine, distributeur, fil de bougie), court-circuitant ainsi les impulsions d'allumage vers la masse du moteur et l'arrêtant.

Depuis la généralisation, dans les années 70, de l'allumage électronique, l'action des micro-ondes, outre le mécanisme précédemment décrit, peut s'exercer directement, en paralysant le circuit électronique engendrant la haute tension. On peut donc concevoir l'action des objets inconnus sur les véhicules terrestres, y compris, maintenant, ceux à moteur diésel, rendus vulnérables par leur circuit de régulation souvent électronique. Rappelons que la capacité d'engendrer des faisceaux de micro-ondes, capables d'actions à distance, est à la portée de nos propres technologies, comme le montrent les travaux poussés menés, aux États-Unis et dans l'ex-URSS, pour développer des armes à micro-ondes, destinées précisément à détruire ou à paralyser à distance les moyens électroniques adverses, voire même à agir sur le personnel. En France, des générateurs hyperfréquences de grande puissance, pouvant être utilisés à cette fin, sont à l'étude.

Cela n'exclut pas que d'autres types de rayonnements puissent être utilisés. Les faisceaux de particules chargées seraient capables d'effets analogues, en traversant, le cas échéant, de la matière vivante, comme le corps de certains témoins, sans que ceux-ci les ressentent ou en gardent des séquelles notables et durables. L'illustration peut en être donnée par les faisceaux des accélérateurs utilisés en protonthérapie, qui commencent par traverser les tissus, sans trop de dommages, pour ne devenir destructeurs que lorsque, du fait de leur pénétration, leur énergie tombe en dessous d'un certain seuil.

Ce mode d'action correspond d'ailleurs à certains témoignages, qui rapportent la vision de faisceaux lumineux traversant des obstacles matériels : en effet, les faisceaux de protons, en ionisant l'air, deviennent généralement visibles, sous forme de faisceaux lumineux tronqués dont la longueur est fonction de leur énergie initiale.

8.1.3 La paralysie locomotrice de certains témoins

Ce phénomène est moins fréquent. Il est remarquable en ce que les paralysies rapportées n'affectent que certains mouvements volontaires, mais ni la respiration, ni la posture (l'équilibre, en particulier, n'est pas compromis : les témoins ne tombent pas), ni les mouvements oculaires. Sur le plan des concepts, on peut remarquer que la posture et la respiration relèvent chez l'être humain du cervelet, organe indépendant du cerveau qui régit les mouvements volontaires. Les micro-ondes, agissant à distance sur certaines parties du corps humain (c'est aussi l'un des objectifs des travaux évoqués plus haut sur les armes à micro-ondes), il est raisonnable de leur attribuer les effets de paralysie observés. Notons qu'ils sont étudiés, entre autres, à l'Air Force Weapons Laboratory à Kirtland AFB.

8.2 Modélisation et crédibilité

Le fait que nous puissions formuler une hypothèse crédible sur la propulsion des objets observés n'est évidemment qu'une indication positive, mais non une preuve de leur existence, pas plus que celle de leur conformité au modèle que nous imaginons.

À cet égard, l'histoire de la technique enseigne l'humilité, mais peut aussi donner des quasi certitudes :

- l'humilité : en constatant les erreurs de pronostic commises dans le passé. Il suffit de se rappeler les affirmations de (ou prêtées à ... ) quelques très grands savants : "On ne pourra pas respirer dans les tunnels", "la science est presque achevée", "le plus lourd que l'air ne peut voler", etc. Il serait donc bien présomptueux de prétendre, à partir de nos connaissances et de nos réalisations actuelles, prévoir ce que pourraient être des techniques seulement un peu plus avancées que les nôtres - ou nos propres techniques dans un ou deux siècles. Considérons qu'il y a seulement 150 ans les moteurs, l'électricité, l'existence de l'atome et des ondes hertziennes étaient inconnues ! On peut aussi relire de Jules Verne : Paris au XXème siècle ou Hier et demain...

- des certitudes : les progrès scientifiques et techniques ne peuvent que se poursuivre, appuyés par plus de scientifiques et d'ingénieurs qu'il n'en a jamais existé, aiguillonnés par la compétition entre les nations. Cette compétition, dans notre monde maintenant "fermé", va porter sur toutes les ressources autrefois gratuites : l'eau potable, la haute mer, les territoires polaires, l'air, l'espace, les fréquences radio...

S'il est hasardeux de prédire les résultats d'un développement scientifique et technique de plus en plus accéléré, il est, au moins, quasi certain que, même à l'échéance de quelques décennies, nos propres connaissances auront beaucoup progressé. Que dire alors de l'évolution au-delà! Dans ces conditions, on peut conclure, avec un haut degré de certitude, que les mouvements d'objets, qui sont actuellement juste au-delà de nos possibilités, seront techniquement réalisables à l'échéance de quelques décennies, voire de quelques siècles, même si les savoirs mis en oeuvre ne seront pas ceux que nous pronostiquons.

Dans la mesure où la conclusion qui précède est acceptable, allons plus loin et remarquons que quelques millions d'années seulement se seront (sauf catastrophe) écoulés entre l'apparition de l'homme et les futures expéditions stellaires de nos descendants (cf le chapitre 8.3.6 et l'annexe 4). Ce laps de temps, entre l'apparition sur la Terre d'une intelligence consciente et le moment où nous pourrons réaliser les prouesses des objets qui nous occupent ici, est infime (un à deux millièmes), comparé à l'âge de la Terre, ou même aux 600 millions d'années qui nous séparent de l'apparition des premiers organismes vivants, au début du Cambrien. Or, le développement d'autres intelligences, sur d'autres mondes, ne peut raisonnablement avoir eu lieu à exactement la même vitesse que sur Terre. Si l'âge de ces autres mondes est, comme celui de la Terre, de l'ordre de 4 milliards d'années, et si une vie consciente y est apparue, ni la vitesse de son développement, ni l'époque de la création de ce monde ne peuvent avoir été exactement les mêmes que les nôtres.

Dans ces conditions, même un écart infime, par exemple de O,l %, sur ces données initiales, aurait pour conséquence qu'une telle civilisation pourrait se situer, par rapport à la nôtre, entre plusieurs millions d'années en avance et plusieurs millions d'années en retard. La probabilité que les degrés de développement de deux civilisations dans l'Univers, et dans un même système solaire, soient égaux, apparaît ainsi très faible, et nous n'avons selon toute vraisemblance que deux possibilités :
 

- nos "voisins" sont de plusieurs millénaires ou millions d'années en retard sur nous (ou n'existent pas encore comme espèce consciente), et c'est nous qui les découvrirons,

- nos voisins sont en avance sur nous, mais alors la probabilité est que cette avance se chiffre en millénaires ou plus, plutôt qu'en années ou même en siècles, et, si nous en jugeons par la vitesse de notre propre développement, le niveau qui serait le leur dépasse certainement, dans tous les domaines, nos capacités de prévision.


8.3 OVNI - Les hypothèses d'ensemble

Depuis plusieurs dizaines d'années, la collecte systématique et l'étude scientifique des phénomènes atmosphériques inhabituels ont permis quelques avancées majeures. Bien entendu, une bonne proportion des observations se sont, à l'analyse, révélées tout à fait explicables : rentrées de satellites, ballons-sondes, etc. Cela a d'ailleurs permis de tester la précision des observateurs, la véracité et la concordance des témoignages. Les cas de supercherie sont en définitive fort rares et assez faciles à détecter. La plupart des observateurs font des comptes rendus fidèles, même s'il faut tenir compte des difficultés des diverses appréciations.

Le grand nombre des observations de toutes sortes a aussi permis de classer à part les observations crédibles et bien documentées dites PAN D (Phénomènes aérospatiaux non identifiés de catégorie D), pour lesquelles aucune explication n'a pu être trouvée. Pourtant ces phénomènes sont souvent attestés par des témoignages concordants allant jusqu'à des observations visuelles jumelées avec des observations radar. Certes, s'il n'y avait qu'une dizaine de PAN D, on pourrait se contenter de classer "sans suite" ce dossier ambigu, mais nous n'en sommes plus là et de très loin. Nous sommes donc bien obligés de rechercher des explications plausibles. Des hypothèses de toutes sortes ont été échafaudées et l'on peut les classer comme suit:

8.3.1 Les hypothèses ascientifiques

"Sans nous en rendre compte vraiment nous sommes manipulés" (par un groupe très secret d'hommes très puissants et très savants, par des êtres étranges et inconnus, voire extraterrestres, par des esprits, par le diable, par nos fantasmes psychologiques, etc.). On ne peut évidemment pas dire à priori que de telles hypothèses soient vraies ou fausses, elles sont indémontrables ; leur inconvénient principal est qu'elles ne peuvent pas nous servir à grand-chose.

Il faut ranger dans cette catégorie les phénomènes parapsychologiques et les hallucinations collectives. Il en est de même de l'idée parfois émise que les engins futuristes observés sont effectivement des produits de l'activité future de l'humanité. Nos lointains descendants, ayant trouvé le moyen de remonter le temps, viendraient nous observer...

Il est évidemment classique de tenter de reconstituer et d'observer le passé par l'intermédiaire de toutes les traces qu'il laisse et l'on pourrait théoriquement l'observer directement (par exemple en découvrant sur une planète, située à quelques années-lumière, un miroir bien orienté). Il est cependant hors de question qu'une telle observation puisse influer d'une manière quelconque sur un passé révolu, ne fut-ce qu'en étant délectable[ou détectable???].

8.3.2 Les armes secrètes d'une grande puissance

Les PAN D seraient alors des véhicules d'origine terrestre pilotés ou télécommandés. Il ne manque pas d'observateurs pour estimer que l'objet aux performances fantastiques qu'ils ont vu évoluer dans le ciel serait le dernier cri du progrès militaire, ce qui expliquerait le secret dont il est entouré. Certes, des études, comme celles de l'avion furtif ou de la magnétohydrodynamique, conduisent effectivement à des progrès impressionnants. Cependant, outre qu'il serait bien imprudent d'exposer ainsi aux regards profanes et à ceux d'experts étrangers ce qu'il y a tant d'intérêt à cacher, on peut aujourd'hui ajouter que, depuis toutes les décennies durant lesquelles se sont produits ces phénomènes, le secret aurait été fatalement éventé ; surtout si l'on tient compte des bouleversements politiques de ces dernières années.

8.3.3 Les tentatives de désinformation

Dans cette catégorie entrent les trucages, les montages généralement accompagnés d'une forte médiatisation. Certains chercheurs estiment que, sans pour autant prêter à la fabrication d'armes ultra-modernes, les performances des engins de pointe peuvent servir à intoxiquer l'opinion au même titre que les autres techniques de propagande. Bien entendu ce point de vue est une conséquence directe du temps de la guerre froide. Tous les moyens étaient alors bons pour déstabiliser l'autre camp, y compris la peur de l'invasion par des extraterrestres ou l'instillation du doute envers des dirigeants "qui nous cachent quelque chose de manifestement très grave"  Ce type d'hypothèse est encore moins satisfaisant que les précédents car il se heurte aux objections de chacun d'eux.
 

8.3.4 Les images holographiques

À la charnière des tentatives de désinformation et des hypothèses extraterrestres se situe le thème des images holographiques, que celles-ci soient le fait d'une grande puissance ou d'équipages extraterrestres. À vrai dire ce thème est d'un emploi difficile. Il exige une préparation importante car l'air est très transparent et ne diffuse que très difficilement la lumière. Il faut donc, soit disposer d'un appareillage important couvrant le champ optique utilisé, soit au moins y projeter un écran approprié, par exemple un film d'eau.

La première méthode correspond aux images holographiques théoriques, la seconde est plus simple et fréquemment utilisée pour ses effets spectaculaires, mais elle laisse évidemment des traces... On peut aussi envisager d'utiliser les nuages ou un rideau de pluie, mais cela présente bien sûr de multiples aléas. Pour autant que nous puissions en juger aujourd'hui la méthode des images holographiques et les méthodes associées ne sont susceptibles que d'utilisations très limitées.

8.3.5 Les phénomènes naturels inconnus

Cette hypothèse ne peut pas être totalement écartée et doit donc être citée, elle est cependant difficile à soutenir dans les cas où l'OVNI observé a un comportement apparemment intelligent (manoeuvres d'approche, de poursuite, d'évitement, de fuite...)

8.3.6 Les hypothèses extraterrestres

Un grand nombre de gens sont aujourd'hui convaincus que les OVNI sont pilotés par des êtres intelligents venus de très loin dans l'Univers et chargés de nous surveiller et même d'entrer en contact avec nous. Si séduisantes qu'elles soient, ces hypothèses se heurtent à toutes sortes de difficultés considérables. Les Martiens hypothétiques de naguère ont disparu du domaine du possible et, hormis sur Terre, le Système solaire apparaît hors d'état d'avoir produit une vie organisée et plus encore une civilisation avancée. Il faut donc aller chercher plus loin, jusqu'aux étoiles, mais la plus proche est déjà cent millions de fois plus loin que la Lune.

Les seuls contacts que nous puissions aujourd'hui tenter d'établir à de telles distances sont des contacts radioélectriques. Des astronomes les ont entrepris par l'envoi de messages et l'écoute radio dans les programmes "SETI" et "MEGASETI". Même si certains enthousiastes ont présenté des idées futuristes pour "court-circuiter" l'immensité, comme par exemple l'utilisation des "trous noirs", le franchissement des distances interstellaires par d'éventuels extraterrestres a soulevé beaucoup de scepticisme et la plupart des astronomes répètent qu'à
ce jour il n'y a aucun cas d'OVNI suffisamment bien établi pour impliquer qu'il provienne d'une civilisation extraterrestre"

Deux astronomes professionnels, Jean-Claude Ribes et Guy Monnet, ont cependant proposé un scénario de notre futur dans l'espace qui comporte des voyages interstellaires plausibles. Dans ce scénario, résumé en annexe 4, ils imaginent l'installation de larges communautés, dans de verdoyantes "îles de l'espace", énormes constructions artificielles en orbite de la Terre, décrites par le physicien O'Neill, voire dans l'intérieur de grands astérides où l'on trouve abondance de matériaux divers, y compris eau et oxygène, et protection aisée contre les météorites et les radiations cosmiques. Ultérieurement, nos descendants, ayant maîtrisé la production, le stockage et l'utilisation énergétique de l'antimatière, utilisent celle-ci pour propulser certains de leurs habitats vers un autre système solaire. Ils s'installent dans une ceinture d'astéroïdes, y font souche et se rendent alors dans les planètes du système d'accueil, à bord d'engins, qui sont perçus par d'éventuels autochtones comme nous percevons aujourd'hui les OVNIs.

Ce scénario, qui, pour l'essentiel, ne fait appel qu'aux lois aujourd'hui bien admises de la physique, donne une certaine vraisemblance à l'hypothèse extraterrestre il est possible d'imaginer qu'une civilisation venue d'ailleurs ait colonisé la région de notre ceinture d'astéroïdes et l'utilise comme base de départ vers notre planète. Les progrès actuels de la conquête de l'espace et de la physique confortent cette idée.

Signalons que certaines personnes envisagent une autre hypothèse, très contestée : les OVNIs appartiennent bien à une civilisation située dans la ceinture d'astéroïdes, mais cette civilisation provient elle-même de notre planète. Plus ancienne que les civilisations terrestres connues, et très développée, elle aurait disparu de la Terre (guerre nucléaire, radioactivité, pollution, etc.), mais serait encore implantée dans le Système solaire.

Les deux hypothèses ont le mérite de placer le problème OVNI hors du domaine du paranormal et d'inciter à la réflexion sur l'avenir de notre planète.
 
 

CHAPITRE 9 Organisation de la recherche à l'étranger

9.1 Organisation de la recherche aux États-Unis

Le thème OVNI est aujourd'hui très populaire aux États-Unis. L'on s'en rend compte par le nombre et le succès des films de fiction, tels que Independance Day, Men in Black ou Contact, qui lui sont consacrés. Un sondage, effectué en juin 1997 pour le magazine Time, montre que près d'un Étatsunien sur quatre pense qu'un engin extraterrestre s'est écrasé à Roswell (Nouveau Mexique) début juillet 1947.

Un professeur de psychiatrie de Harvard, le docteur Mack, traite avec beaucoup de gravité le problème des enlèvements temporaires, réels ou supposés, de ses compatriotes par des OVNIs. Face à cette attente du public, que font les autorités ? Elles démentent que le phénomène OVNI présente une menace pour la sécurité nationale, ou qu'il montre des indices d'une origine extraterrestre. Cette position a été presque constamment prise par l'armée de l'Air, chargée de l'étude des OVNIs de 1948 à 1969, dans le cadre d'un projet qui porte globalement le nom de Blue Book. Elle a été confirmée dans le résumé et les conclusions du rapport d'une commission universitaire chargée d'évaluer Blue Book, la commission Condon. Le physicien Condon a écrit dans ses conclusions que l'étude des OVNIs avait peu de chances de faire avancer la science. Toute étude officielle a donc cessé aux États-Unis depuis décembre 1969 et l'armée de l'Air dirige les curieux vers les associations ufologiques privées.

Bien qu'avalisé par l'Académie des sciences, le rapport Condon a été critiqué sévèrement par de nombreux scientifiques, particulièrement au sein du puissant AIAA (American Institute of Aeronautics and Astronautics) ; celui-ci a fait justement remarquer que le résumé et les conclusions du rapport, rédigés par le professeur Condon lui-même, étaient contraires à de nombreuses analyses contenues en son corps.

EAIAA a recommandé un travail modéré, mais continu et scientifique, sur les OVNIs.

Un amendement à la loi sur la liberté de l'information (FOIA), voté en 1974, a permis d'obtenir à partir de 1976 des documents officiels déclassifiés concernant les OVNIs. 1'un d'entre eux a particulièrement retenu l'attention. C'est une lettre du général de brigade aérienne Bolender, datée d'octobre 1969, précisant que la fin imminente du projet Blue Book ne mettra pas fin aux rapports militaires concernant des OVNIs constituant une menace pour la sécurité nationale. Ces derniers ne font pas partie du système Blue Book et continueront, comme par le passé, à être traités conformément à la directive JANAP 146 et à l'Air Force Manual 55-1 1.

La directive JANAP 146 (Uoint Army, Navy, Air Force Publication) s'applique aux militaires, mais aussi à certains civils (commandants de bord de l'aviation civile, capitaines de la marine marchande) des États-Unis et du Canada. Elle leur prescrit de rendre compte, de toute urgence, à certaines autorités, qui doivent elles-mêmes rendre compte notamment au Commandement opérationnel de l'air (maintenant NORAD) à Colorado Springs, lorsqu'ils observent des objets nécessitant une action défensive très urgente et/ou une enquête des forces armées des États-Unis ou du Canada.

Parmi ces objets, les OVNIs (Objet Volant Non Identifié -> UFO ->Unidentified Flying Objects) figurent entre les missiles et les sousmarins hostiles ou non identifiés, etc. La divulgation du contenu de ces rapports tombe sous le coup des lois réprimant l'espionnage. JANAP 146 était en vigueur ces dernières années et l'est peut-être encore. Ce règlement peut expliquer la réticence fréquente des militaires étatsuniens, des aviateurs en particulier, à évoquer le sujet des OVNIs. Les associations ufologiques étatsuniennes comptent quelques milliers de membres. Elles s'emploient à combler le vide laissé par les pouvoirs publics dans le domaine des études "OVNI". La FOIA leur a donné un regain d'activité, en leur montrant que, contrairement à leurs affirmations, l'armée de l'Air et différents services spéciaux, la CIA notamment, s'intéressaient beaucoup, et depuis longtemps, au sujet OVNI. Elle leur a permis de prendre connaissance de certains cas spectaculaires, tels les survols de bases de missiles en 1975, ou l'incident de Téhéran de 1976 rapporté au chapitre 2. La DIA a jugé ce cas "radar/optique" : Un cas classique qui réunit toutes les conditions requises pour une étude valable du phénomène OVNI.

Ces dernières années, les trois principales associations ufologiques ont été rassemblées pour mener un travail en commun par une personnalité étatsunienne de premier plan, Marie Galbraith. Celle-ci est l'épouse de Evan Griffith Galbraith, qui fut ambassadeur des États-Unis en France de 1981 à 1985. Elle connaît donc bien notre pays et notre langue pour avoir résidé avenue Gabriel. Soutenue moralement et financièrement par Laurance Rockefeller, frère du célèbre David Rockefeller, elle a parcouru le monde pour connaître les principaux scientifiques s'intéressant aux OVNIs et recueillir les meilleurs cas.

Elle a ensuite dirigé la rédaction d'un ouvrage clair et documenté intitulé Unidentified Flying Objects, Briefing Document, the best available évidence, avalisé en décembre 1995 par les présidents des trois associations CUFOS, FUFOR et MUFON. Elle a fait parvenir cet ouvrage à plus de mille personnalités du monde entier et notamment à un grand nombre de parlementaires étatsuniens. Son but est d'obtenir du gouvernement étatsunien, ainsi qu'éventuellement d'autres gouvernements, une levée du secret pesant sur les OVNIs. Pour les rédacteurs de l'ouvrage, ce secret est essentiellement d'origine militaire : la nation qui la première saura reproduire les caractéristiques exceptionnelles des OVNIs dominera le monde.

Le secret était justifié du temps de la guerre froide, il ne l'est plus maintenant, étant données les percées scientifiques et techniques, utiles à l'humanité, qu'on peut attendre de l'étude des OVNIs.

Le livre de Marie Galbraith est dans l'ensemble descriptif. Il n'y est pas question d'interprétations des phénomènes observés (modélisations physiques, ou hypothèses sur l'origine des objets). Tel a été aussi l'esprit du colloque scientifique international organisé en septembre 1997 par Laurance Rockefeller à Pocantico, près de West Point, dans une propriété du Rockefeller Bros Fund. Animé par l'astrophysicien Peter Sturrock, ce colloque a été consacré aux preuves physiques ("Physical évidence") concernant les OVNIs.

Des spécialistes du radar, des effets biologiques des micro-ondes, de la photographie, etc., souvent peu au fait du problème OVNI, y formaient un conseil scientifique jugeant des communications présentées par des chercheurs en ufologie. La participation française a été très remarquée; elle comprenait le chef du SEPRA et deux membres du conseil scientifique.

Un document de synthèse a souhaité que de nombreux pays se dotent d'une organisation de la recherche OVNI comparable à celle de la France.

La thèse du Colonel Corso :

En juillet 1997, pour le cinquantième anniversaire de l'incident de Roswell, est paru un livre étonnant intitulé The Day after Roswell. Il a été écrit par le colonel Corso, qui fut, de 1953 à 1957, le membre militaire du National Security Council Staff, donc en contact permanent avec le président Eisenhower. Ce livre est préfacé par Strom Thurmond, l'actuel président de la commission des forces armées du Sénat, qui, déjà membre de cette commission, avait pris Corso comme attaché parlementaire lorsque celui-ci a quitté l'armée en 1963. L'auteur déclare que l'objet trouvé à Roswell était bien un vaisseau extraterrestre. Il aurait vu lui-même, en juillet 1947, le cadavre de l'un des occupants conservé dans un cercueil de verre. En 1961-1962, responsable des technologies étrangères au département R & D[Recherche et Développement] de l'armée, il aurait été chargé de faire profiter discrètement l'industrie étatsunienne des objets de technologie très avancée trouvés dans l'épave (selon lui: circuits imprimés, laser, intensificateurs de lumière, etc.).

Le colonel Corso affirme que les militaires de haut rang et certains parlementaires étatsuniens sont au courant de l'existence dans notre ciel d'engins extraterrestres ; ils l'ont caché au public pour éviter des paniques, mais des révélations complètes vont pouvoir être faites, car les États-Unis, qui s'y efforcent depuis 50 ans, auraient maintenant les moyens de s'opposer à une éventuelle attaque des OVNIs.

Certaines de ces assertions sont pour le moins surprenantes, mais l'ensemble du contenu du livre ne peut être aisément écarté, lorsqu'on considère la carrière remarquable de son auteur et l'éloge que fait de lui le sénateur Thurmond. Certes, ce dernier a demandé, et obtenu, que sa préface ne figure plus dans les réimpressions du livre: l'auteur ne lui aurait pas dit que l'ouvrage traiterait d'OVNI... Mais on peut difficilement croire que le préfacier, quatrième personnage de l'État étatsunien, et 1'éditeur, Simon & Schuster, n'aient pas agi , en pleine connaissance de cause lors de la première impression. Dès la sortie de l'ouvrage, l'armée de l'Air étatsunienne a publié un deuxième rapport sur Roswell déniant, à nouveau, toute vraisemblance à l'hypothèse du crash d'un engin extraterrestre. Le premier rapport, publié en 1994, se présentait comme la première étude officielle relative aux OVNIs depuis la fin de Blue Book en 1969 (voir en annexe "Roswell et la désinformation"). Cette réaction n'est pas incompatible avec les thèses du colonel Corso ; elle peut être destinée à rassurer ceux que les révélations de Corso pourraient angoisser.

9.2 Organisation de la recherche au Royaume-Uni

La Grande-Bretagne a été le théâtre de plusieurs cas remarquables. Nous avons présenté au chapitre 2 le cas "radar/optique" de Lakenheath (1956). La RAF et son ministère de tutelle se sont donc très tôt intéressés aux OVNIs, sans que l'on possède beaucoup d'indications sur leurs travaux. Le ministère de la Défense britannique (MOD) possède, depuis sa création en 1964, une cellule d'étude des OVNIs, dont le sigle Sec(AS)2a signifie : Département 2a de la division Secrétariat (Air Staff). Son activité a été décrite récemment par Nick Pope, qui en fut le titulaire de 1991 à 1994, dans un livre alerte, 0pen skies, closed minds.

Ce département reçoit des appels téléphoniques ou des lettres de témoins, mais plus généralement des rapports faits à partir des dépositions de ces témoins dans des postes de police, des aéroports ou des bases de la RAF. Il effectue, s'il le juge utile, des enquêtes classiques. Il interroge alors des stations radar ou météo, la base RAF de surveillance des objets spatiaux de Flyingdales, d'autres bases RAF, l'Observatoire de Greenwich, etc. Son unique mission est de déterminer si les rapports présentent un intérêt pour la Défense ("area of defence significance").

Nick Pope, qui poursuit à l'heure actuelle sa carrière de fonctionnaire du MOD, a innové par rapport à ses prédécesseurs. Il a donné des interviews à la presse et participé à des émissions de télévision. Il a coopéré avec des associations ufologiques, dont il a communiqué les coordonnées aux témoins qui lui écrivaient. Dans ses lettres de réponse il a admis qu'une faible proportion des observations d'OVNIs défie l'explication, et que le MOD garde l'esprit ouvert à leur égard. Ses prédécesseurs écrivaient : "Si l'on disposait de suffisamment de données, tous les cas pourraient sans doute être expliqués. Dans son livre, Nick Pope évoque diverses hypothèses pour expliquer certains cas non identifiés qui ont fait l'objet de rapports crédibles et détaillés. Il privilégie fortement l'hypothèse extraterrestre, et formule le souhait que son ministère prenne au sérieux la menace potentielle que représentent, à ses yeux, les OVNIs.

Y a-t-il un service plus étoffé que le sien (où il est seul) au sein du ministère de la Défense, qui effectuerait des études secrètes sur le phénomène OVNI ? Ses déclarations sur le sujet sont contradictoires (pp. 129 et 181). Ralph Noyés, qui fut l'un des prédécesseurs de Nick Pope de 1969 à 1972 et termina sa carrière au MOD en 1977 comme sous-secrétaire d'État à la Défense, juge probable l'existence de ce service. Lord Hill-Norton, amiral de la Flotte, qui fut chef d'état-major des Armées de 1971 à 1973, partage cette opinion. On trouve ces informations dans un livre préfacé par Lord Hill-Norton lui-même (Above Top Secret, de Timothy Good). L'amiral Hill-Norton a fait partie de la trentaine de lords actifs dans un intergroupe de la Chambre des lords étudiant les OVNI dans les années 1980. Si ce service d'études discret existe, on peut penser qu'il travaille en liaison avec les États-Unis (Above Top Secret, pp. 48-49).

9.3 Organisation de la recherche en Russie

L'cadémie des sciences de l'URSS a effectué des études sur les OVNIs au moins depuis 1979. À cette époque, Vladimir Migouline, correspondant de cette académie, a exprimé dans La Recherche son opinion sur les observations de phénomènes lumineux et d'objets insolites faites en Union Soviétique : " Ces observations correspondent dans leur immense majorité à des phénomènes réels à peu près semblables à ceux que l'on observe dans d'autres pays. Mais il n'y a pas de preuve indiscutable que certaines d'entre elles concernent des manifestations technologiques d'une civilisation très développée. Aussi faut-il tenter de les relier à des phénomènes atmosphériques, dit-il. C'est le but qu'a visé son adjoint Platov dans un ouvrage publié en 1992, Les OVNIs et la science moderne. À cette époque, Migouline et Platov, responsables du groupe d'expertise des phénomènes anormaux, dépendant de l'Académie des sciences, ont proposé au SEPRA une coopération scientifique et technique, mais la direction du CNES n'y a pas donné de suite. Notons que, dans la section sibérienne de l'Académie des sciences, des travaux, moins connus en Occident, n'écartent pas l'hypothèse extraterrestre, voire la privilégient.

Lors de la "Glasnost", des informations ont été diffusées sur les études conduites, tant par le KGB que par les militaires. En 1991, le KGB a déclassifié 124 pages de documents de Cas d'observation d'événements anormaux sur le territoire de l'URSS, 1982-1990, couvrant un total de 17 régions. L'un d'entre eux, que nous détaillons au chapitre 3, concerne les évolutions aériennes extraordinaires de trois disques brillants au-dessus d'une base de missiles de l'armée près d'Astrakhan en 1989. Les objets, vus par sept militaires, passaient brusquement de l'immobilité à une grande vitesse, et inversement, le tout silencieusement.

Approché par un avion de chasse soviétique, un objet se dégagea si rapidement qu'il parut laisser le chasseur sur place.

En 1994, le colonel Boris Sokolov a vendu à la chaine ABC News une collection d'enquêtes effectuées par les militaires de 1978 à 1988. Auparavant, en 1990, le journal Rabochaya Tribuna avait publié un article du général d'aviation Maltsev, commandant la défense aérienne du territoire, concernant un cas radar optique bien documenté aux témoins multiples (Pereslav-Zalesski, nuit du 21 mars 1990), où l'objet discoïdal, silencieux, passait de l'immobilité à une vitesse double ou triple de celle d'un chasseur à réaction moderne. Nous avons décrit ce cas au chapitre 2.

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