Nourriture en Conserve,
Viande de Dinosaure

19 - LE SAGE DU TIBET / Par Tuesday Lobsang Rampa --Montréal : Éditions Stanké, ©1980. {(pages 73, 74 et 83 à 87)(Extrait 06)}. Nourriture en Conserve, Viande de Dinosaure.

    « Regarde, Lobsang, s'écria mon guide, il y a ici des livres aux images fascinantes qui décrivent les différentes machines qui se trouvent ici. Il faut que nous étudiions cela pour en faire éventuellement profiter le monde. »

    Je jetai un coup d'oeil aux livres qui reproduisaient également l'intérieur du corps humain, et je trouvai ces illustrations répugnantes.

    Je me forçai néanmoins à étudier tout cela car il fallait que je m'instruise le plus possible sur le fonctionnement de l'organisme humain.

    Mais pour le moment, ce qui me paraissait urgent c'était de me nourrir ! Le cerveau ne peut convenablement fonctionner si le ventre est vide, pensai-je. Pensée que j'exprimai à haute voix, d'ailleurs, ce qui fit sourire le lama. « C'était mon idée aussi, répliqua-t-il. Ce traitement m'a affamé, allons voir ce qu'il reste dans la cuisine. Je crois qu'il va falloir nous résigner à ne manger que des fruits ou bien enfreindre l'une de nos règles les plus sacrées et manger de la viande !

    J'eus un haut-le-coeur, et dis : « Maître, comment peut-on manger la chair d'un animal ! »

   Lobsang, répondit-il gravement, ces animaux sont morts depuis des millions d'années, et nous ne savons pas depuis combien de temps cet endroit existe. Ce que nous savons c'est qu'il existe et qu'il vaut mieux, pour nous, manger cette viande et continuer à exister, plutôt que jouer les puristes et mourir de faim ! »

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Mais avant d'aller plus loin dans notre exploration il nous faut manger quelque chose ; au menu je te propose du dinosaure tué il y a plus de un million d'années par quelque chasseur. Tu t'en régaleras. »

    « Mais je croyais que manger de la viande était interdit » m'écriai-je.

    « Oui, les moines, en général, ne doivent pas manger de viande. La tsampa constitue leur ordinaire, car une nourriture trop riche à base de viande nuit au bon fonctionnement du cerveau. Mais dans notre cas il est bon que nous mangions de la viande pour l'énergie qu'elle dispense et dont nous avons grand besoin ; de toute façon nous n'en avons pas beaucoup ; il y a ici surtout des légumes et des fruits. Ce n'est pas, en tout cas, le peu de viande que tu mangeras qui va souiller ton âme immortelle ! » Là-dessus il se leva et se dirigea vers la cuisine d'où il revint avec une grosse boîte sur laquelle était représenté ce qui devait être un dinosaure. On avait encerclé de rouge la partie correspondant au morceau qui se trouvait dans la boîte. Le tout me paraissait répugnant. Après quelques manipulations le lama ouvrit la fameuse boîte et la chair qui était à l'intérieur nous parut parfaitement fraîche, comme si l'animal venait d'être tué le jour même. « Il nous faut la faire cuire, dit mon ami, car elle est bien meilleure ainsi. Maintenant regarde ce que je fais. » Il prit un récipient en métal, fit quelques gestes que je ne compris pas, puis y versa le contenu de la boîte. Il plaça le tout dans une sorte de renfoncement aux parois métalliques dont il referma la porte après avoir tourné un bouton qui fit apparaître une petite lumière. « Dans dix minutes, dit-il, ce  sera à point, car ce mode de cuisson permet à la viande d'être saisie de l'intérieur vers l'extérieur et non seulement à l'extérieur comme sur une flamme. Je ne saurais t'expliquer son mécanisme fondé, je crois, sur l'interaction de plusieurs rayons. Mais il nous faut maintenant choisir des légumes pour aller avec la viande. » « Mais où avez-vous appris tout cela, Maître ? » demandai-je. « J'ai beaucoup voyagé, répondit-il, et partout en Occident je cherchais à accroître mes connaissances ; ainsi je regardais les gens préparer les différents repas de la semaine. Ce plat sent très bon, mais il faut des légumes ; nous allons trouver ce qu'il faut ici. »

    Il plongea la main dans un placard et en retira une boîte de forme allongée. « Voilà ! ces légumes doivent cuire environ cinq minutes au four », dit-il après avoir consulté le mode d'emploi. Une lumière venait de s'éteindre sur le panneau du four. « Cela veut dire, m'expliqua le lama, que nous devons mettre maintenant les légumes. » Il ouvrit donc la porte du four et versa dans le plat le contenu de la boîte de légumes, puis referma la porte aussitôt et régla différents boutons qui firent s'allumer un voyant.

    « Lorsque tous ces voyants lumineux seront éteints, précisa-t-il, notre repas sera prêt. Il nous faut des assiettes, et quelques-uns de ces instruments étranges que tu as vus : les couteaux pointus, les cuillers, et ces ustensiles à quatre ou cinq pointes que l'on appelle des fourchettes. Je suis certain que tu vas apprécier ce repas. »

   Il avait à peine fini de parler que les voyants clignotèrent, diminuèrent d'intensité pour finalement s'éteindre. « Ça y est, Lobsang, s'exclama-t-il, tu peux t'asseoir, nous allons bientôt déguster... » Il se dirigea vers ce qu'il appelait un four, en ouvrit la porte avec précaution, et une odeur très agréable s'en échappa. J'observais avidement tous ses gestes. À l'aide de couverts qu'il avait pris sur l'étagère il déposa dans mon plat une grande quantité de chaque chose, tandis qu'il en mettait un peu moins dans le sien. « Allons, Lobsang, commence, dit-il, il faut que tu prennes des forces. »

    Il y avait plusieurs sortes d'aliments ; des légumes de toutes les couleurs que je n'avais jamais vus, et surtout un gros morceau de ce dinosaure. Je le pris tout entier entre mes doigts, mais le lama me dit d'utiliser une fourchette et me montra comment m'en servir. Suivant son exemple, je coupai donc un petit morceau avec mon couteau et le portai à ma bouche après l'avoir regardé et reniflé. Je ne l'eus pas plutôt dans la bouche que je courus à l'évier pour l'y cracher. Le lama riait. « Lobsang, me dit-il, tu crois que je me moque de toi, mais tu as tort. Encore de nos jours, en Sibérie, on déterre des dinosaures qui avaient été pris sous la glace ; et je t'assure que les gens là-bas s'en régalent. Il faut parfois trois ou quatre jours pour qu'ils dégèlent. »

    « Eh bien ! je leur donne ma part ! m'exclamai-je. J'ai eu l'impression de m'empoisonner ; autant manger ma grand-mère que cette saleté ! C'est abominable. » Sur ces paroles je me mis à gratter méticuleusement mon assiette pour qu'il ne reste plus la moindre trace de viande, puis je me hasardai à prendre quelques légumes. Je fus étonné de leur trouver très bon goût. C'était la première fois que je mangeais des légumes ; jusque-là je n'avais eu que de la tsampa et de l'eau pour mes repas. Je fis donc honneur aux légumes, mais le lama mit vite un frein à mon ardeur. « Tu as bien mangé, me dit-il, et tu sais que tu n'es pas habitué à manger des légumes ; il se peut que tu ne les supportes pas, et qu'ils te fassent l'effet d'une purge. Je vais te donner un médicament pour prévenir des troubles éventuels. »

    J'avalai les cachets qu'il me tendait. « Tu les as déjà avalés ? demanda-t-il étonné. En général on prend un peu d'eau avec. Avale un verre d'eau maintenant, ça les fera passer. »

    Une fois de plus j'allai dans la cuisine, chancelant ; en effet, je n'étais pas habitué à manger des fruits et des légumes ! Je sentais de grands bouleversements du côté de mon estomac, et de mes intestins. Je dus bientôt abandonner la tasse que j'avais à la main et me ruai vers cette petite pièce qui comportait un trou dans le sol. Un peu plus il était trop tard ! J'y arrivai à temps néanmoins.

    En revenant auprès de mon ami je lui fis part des pensées qui m'obsédaient. « Maître, j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ces fruits, ces légumes par exemple, vieux de deux millions d'années, sont intacts et comestibles ! »

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